Grâce :
mouvement accordé avec ce qui s'offre et qui se refuse un instant pour montrer
qu'il s'y accorde.
Presque toute la volonté est
appliquée à résister à la grâce. La grâce est un autre nom de la liberté. Mais
la volonté est tout le contraire. C'est ce que Sartre n'a pas su voir.
La différence entre la nature
et la grâce, c'est à nous à l'effectuer à chaque instant, comme celle de l'âme
et du corps, et à faire que la puissance créatrice en nous devienne nature ou
grâce.
La chance qui n'est qu'un autre
nom de la grâce (ceux qui le nient ne parlent que du déterminisme, qui ne règne
pas dans le même monde, et qui en est pourtant l'expression).
La grâce et la liberté c'est la
même chose, mais on confond la liberté avec le libre arbitre qui permet
seulement le détachement à l'égard du sensible.
On peut bien dire que l'homme
est l'image de la liberté : c'est participant qu'il faudrait dire (réalité ou
absence de la participation, c'est toute la différence avec Sartre qui n'a pas
de métaphysique).
L'expérience de l'infini, c'est
l'expérience de la liberté. C'est l'expérience primitive plus encore que celle
du Cogito. C'est l'expérience même de l'infini qui est transférée
ensuite à l'espace et au temps définis comme les chemins ou les moyens de la
liberté. C'est là l'expérience de l'infini en puissance qui n'a de sens qu'à
condition que je puisse l'appuyer sur l'infini en acte qui n'est jamais un
infini chose. C'est là qu'est la difficulté. Le problème métaphysique c'est le
problème de l'expérience de la liberté et des conditions qu'elle implique par
opposition à l'expérience scientifique qui est l'expérience de l'objet. Il
était naturel d'exclure l'expérience de la liberté aussi longtemps que l'on
prenait l'expérience des choses comme modèle de l'expérience tout court.
La liberté ne peut pas être
pour nous un moyen de nier l'existence d'un univers spirituel dans lequel il
nous appartient au contraire de nous établir.
La liberté intériorité infinie
et dépassement infini de soi (et dont les œuvres sont la limitation) ou qui ne
crée rien et s'épuise dans le consentement ou le refus.
La liberté est une acquisition.
Elle est la participation assumée. Autrement elle n'est que subie ;
impossibilité de ne pas exercer la liberté par laquelle nous posons notre être
propre.
Elle ne réside pas dans la
séparation, mais dans l'accord.
Chercher le point où la liberté
et l'amour coïncident. Ce point justement qu'ignore Sartre.
Le propre de la liberté n'est
pas seulement de me faire choisir entre des possibles dans le temps, mais de me
faire choisir entre le temps et l'éternité, ou plutôt de me permettre de
préférer toujours l'éternité au temps.