L’ennemi, c’est le social.
Tout le monde le sait. La force du social provient toujours d’une jalousie à
l’égard de l’individu.
La vie
sociale affadit, décolore, épuise la pensée. Elle banalise, matérialise. Elle rend
chaque être verbal et faux. Elle l’oblige à discuter, à se défendre, à
attaquer. Elle l’éloigne toujours du centre de lui-même. Et en paraissant
abolir l’individu, elle donne toute sa force à l’amour-propre. Elle cherche un
terrain qui est commun à tous et ce terrain ne peut être que l’opinion, c’est à
dire le monde, ou l’intimité qui est Dieu.
Le propre
du groupe c’est d’abolir toute communication possible entre les hommes : car
celle-ci est toujours une communication entre les individus et qui se produit
au-delà du groupe, dans l’universel. Il n’y en a que deux formes, l’amitié et
l’amour. Mais le propre du groupe, c’est de les exclure. Le collectif pèse
toujours sur moi d’une présence anonyme, lourde et hideuse. Il est vain de
vouloir le concilier avec l’existence de la personne et des rapports
interpersonnels : il en est la négation. C’est une force qui exalte le corps,
mais qui opprime l’esprit.
Le
matérialiste et l’athée ne peuvent avoir de soutien que dans la société, le
spirituel et le religieux que dans la solitude.
Il n’y a
de véritable communion que celle des solitaires. Là est le paradis par
opposition à cette communauté des masses où les corps se frottent ou poussent
ensemble les mêmes cris.
Évitez le
communisme et même la communauté, qui ne font communiquer les hommes que dans
la partie la plus commune d’eux-mêmes. Mais alors il ne faut pas communiquer
aux autres cela même que nous disons de la solitude.